Les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, multiplient leurs frappes contre Israël depuis le Yémen, ouvrant un front inédit dans le conflit au Moyen-Orient. Ces attaques, qui s’intensifient depuis octobre, compliquent la stratégie militaire israélienne déjà concentrée sur Gaza et le Hezbollah au Liban.
Une menace à longue portée venue du Yémen
Le 3 janvier, l’armée israélienne a intercepté un missile balistique et un drone en provenance du Yémen, revendiqués par les Houthis. Ces frappes, qui se répètent depuis plusieurs semaines, illustrent la capacité des rebelles à utiliser des armes sophistiquées à longue portée. Sanaa, la capitale yéménite sous contrôle houthi, se trouve à près de 2 000 kilomètres d’Israël, ce qui souligne l’efficacité croissante de leurs drones kamikazes et missiles balistiques.
Ces attaques ne se limitent pas à un objectif militaire : elles traduisent également une stratégie politique. En affirmant soutenir le peuple palestinien, les Houthis renforcent leur posture au sein de l’« axe de la résistance » dirigé par l’Iran, tout en consolidant leur pouvoir local face aux forces loyalistes yéménites.
Les Houthis, un levier stratégique pour l’Iran
Selon Franck Mermier, directeur de recherche au CNRS, « les Houthis agissent comme un relais opérationnel de l’Iran, mais leurs actions s’inscrivent aussi dans une dynamique interne ». Téhéran, affaibli par les sanctions internationales et sous pression sur son programme nucléaire, privilégie les guerres par procuration pour éviter une confrontation directe avec Israël.
En soutenant les Houthis sur les plans militaire et logistique, l’Iran maintient une pression indirecte sur Israël tout en s’assurant une influence stratégique sur l’un des corridors maritimes les plus importants du monde, le détroit de Bab el-Mandeb. Cependant, pour les Houthis, ces frappes ne servent pas seulement les intérêts iraniens : elles renforcent leur légitimité nationale et leur position dans le conflit yéménite.
Israël face à un casse-tête militaire et stratégique
Les attaques des Houthis posent un défi majeur à Israël, déjà engagé sur plusieurs fronts. Bien que l’armée israélienne dispose de systèmes de défense performants comme le Dôme de fer et Arrow, la gestion simultanée de menaces venant de Gaza, du Liban et désormais du Yémen met ses capacités à rude épreuve.
Pour contrer la menace houthiste, Israël pourrait envisager plusieurs options. Parmi elles, des frappes massives sur des infrastructures clés au Yémen ou encore des opérations ciblées contre des dirigeants houthis. Une autre solution serait de renforcer le soutien militaire à l’armée loyaliste yéménite. Cependant, ces actions comportent un risque élevé d’escalade régionale, notamment avec l’Iran.
Un impact régional qui dépasse le conflit local
Les tensions croissantes entre Israël et les Houthis pourraient avoir des répercussions bien au-delà du Moyen-Orient. Le détroit de Bab el-Mandeb, par lequel transite une grande partie du commerce mondial et des exportations pétrolières, est une zone stratégique que les Houthis pourraient perturber pour accentuer la pression.
En outre, les États arabes du Golfe, partenaires économiques d’Israël pour certains, risquent de se retrouver dans une position délicate, pris entre leurs intérêts commerciaux et leurs rivalités régionales. Cela pourrait compliquer davantage les efforts diplomatiques visant à stabiliser la région.
Une escalade régionale en perspective ?
Alors que les Houthis poursuivent leurs frappes, Israël doit trouver une réponse efficace pour neutraliser cette menace sans provoquer une guerre régionale de grande ampleur. Ce nouveau front illustre la complexité des conflits modernes, où les alliances et les rivalités s’entremêlent dans une logique de guerre asymétrique.
Pour l’instant, Israël semble privilégier une réponse mesurée, mais la pression croissante exercée par les Houthis pourrait provoquer un changement de stratégie. Avec des tensions déjà exacerbées au Moyen-Orient, la question demeure : ce nouveau front ouvrira-t-il la voie à une confrontation régionale plus large ou restera-t-il contenu dans les limites actuelles ? Les prochains mois seront déterminants pour l’équilibre géopolitique de la région.