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Jean-Marie Le Pen, le « Menhir » de l’extrême droite, s’est éteint à 96 ans

Publié le 7 janvier 2025

Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national et figure controversée de la politique française, est décédé ce mardi 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans. Hospitalisé depuis plusieurs semaines, celui que l’on surnommait le « Menhir » laisse derrière lui une empreinte indélébile, marquée par des succès électoraux, des polémiques retentissantes et des ruptures familiales. Retour sur un parcours qui a profondément marqué la Ve République.

Une vie façonnée par la guerre et l’engagement nationaliste.

Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Jean-Marie Le Pen grandit dans une famille modeste. Orphelin de guerre à 14 ans, il est déclaré pupille de la Nation. Très tôt, il développe une fascination pour les valeurs d’autorité et d’engagement. Après des études de droit à Paris, il s’engage dans l’armée et devient parachutiste. Il participe à la guerre d’Indochine en 1954 et à la bataille d’Alger, où il est décoré de la croix de la valeur militaire. Ces expériences, teintées de controverses sur des « interrogatoires spéciaux », façonnent son identité politique tournée vers le nationalisme intransigeant.

Son entrée en politique se fait en 1956, à seulement 27 ans, lorsqu’il est élu député sous l’étiquette poujadiste, devenant ainsi le plus jeune parlementaire de l’époque. Ce premier mandat marque le début d’une carrière politique qui s’étendra sur plus d’un demi-siècle.

Le Front national : de l’ombre à la lumière.

En 1972, Jean-Marie Le Pen fonde le Front national (FN), un parti destiné à fédérer les courants épars de l’extrême droite française. Dès ses débuts

Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national et figure controversée de la politique française, est décédé ce mardi 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans. Hospitalisé depuis plusieurs semaines, celui que l’on surnommait le « Menhir » laisse derrière lui une empreinte indélébile, marquée par des succès électoraux, des polémiques retentissantes et des ruptures familiales. Retour sur un parcours qui a profondément marqué la Ve République.

Une vie façonnée par la guerre et l’engagement nationaliste

Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Jean-Marie Le Pen grandit dans une famille modeste. Orphelin de guerre à 14 ans, il est déclaré pupille de la Nation. Très jeune, il développe une fascination pour les valeurs d’autorité et d’engagement. Après des études de droit à Paris, il s’engage dans l’armée et devient parachutiste. Il participe à la guerre d’Indochine en 1954 et à la bataille d’Alger, où il est décoré de la croix de la valeur militaire. Ces expériences, teintées de controverses sur des « interrogatoires spéciaux », façonnent son identité politique tournée vers le nationalisme intransigeant.

Son entrée en politique se fait en 1956, à seulement 27 ans, lorsqu’il est élu député sous l’étiquette poujadiste, devenant ainsi le plus jeune parlementaire de l’époque. Ce premier mandat marque le début d’une carrière politique qui s’étendra sur plus d’un demi-siècle.

Le Front national : de l’ombre à la lumière

En 1972, Jean-Marie Le Pen fonde le Front national (FN), un parti destiné à fédérer les courants épars de l’extrême droite française. Dès ses déb uts, le FN adopte un discours nationaliste et anti-immigration, avec des slogans marquants tels que « La France aux Français » ou encore « 1 million de chômeurs, c’est 1 million d’immigrés en trop ». Les premières années sont difficiles : à l’élection présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen ne recueille que 0,74 % des voix. Cependant, son parti gagne en visibilité dans les années 1980, notamment grâce au scrutin proportionnel qui permet à 35 députés frontistes de siéger à l’Assemblée nationale en 1986.

Le véritable coup d’éclat survient en 2002 : Jean-Marie Le Pen crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, avec 16,86 % des suffrages. Ce « choc du 21 avril » provoque une mobilisation massive contre lui, et il ne récolte que 17,79 % au second tour. Cet événement reste un tournant historique de la Ve République et inscrit durablement l’extrême droite dans le paysage politique français.

Polémiques et condamnations : une figure controversée

Jean-Marie Le Pen est aussi connu pour ses déclarations provocatrices, qui lui valent de multiples condamnations. En 1987, il qualifie les chambres à gaz de « détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », déclenchant un tollé national et international. Il est également critiqué pour ses propos sur l’occupation allemande, qu’il jugeait « pas particulièrement inhumaine ». Ces sorties, assorties de condamnations pour incitation à la haine raciale et négationnisme, ternissent l’image de son parti tout en renforçant son image auprès d’une partie de son électorat.

Ces polémiques provoquent également des fractures internes. En 1999, Bruno Mégret, son bras droit, quitte le FN pour former un parti dissident. Plus tard, en 2015, Marine Le Pen, sa propre fille et successeure à la tête du FN, l’exclut dans le cadre de sa stratégie de « dédiabolisation ». Ce conflit familial marque une rupture définitive entre le père et la fille, bien que Jean-Marie Le Pen continuera malgré tout à commenter la politique française jusqu’à ses dernières années.

Un héritage politique ambigu

Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui un héritage complexe. Pour ses partisans, il est le « tribun du peuple », celui qui a su porter les idées nationalistes sur le devant de la scène politique française. Pour ses opposants, il représente une figure clivante, accusée d’avoir radicalisé le débat public et d’avoir divisé la société française.

Sur le plan familial, sa relation avec Marine Le Pen est restée conflictuelle. Bien qu’il ait soutenu sa candidature lors de l’élection présidentielle de 2022, leur rupture politique et personnelle a marqué les dernières années de sa vie. Sa petite-fille, Marion Maréchal, a également poursuivi l’héritage familial en politique, incarnant une autre vision de l’extrême droite française.

Une figure emblématique qui a redéfini l’extrême droite

Jean-Marie Le Pen restera dans l’histoire comme l’homme qui a transformé l’extrême droite française, la faisant passer d’un mouvement marginal à une force politique capable de peser sur les grandes échéances nationales. Son surnom de « Menhir », symbole d’intransigeance et de ténacité, reflète bien son caractère et son influence durable.

Alors que le Rassemblement national, dirigé par Marine Le Pen, tente de poursuivre sa stratégie de dédiabolisation, l’empreinte laissée par Jean-Marie Le Pen continue de résonner dans le débat public. Sa disparition marque la fin d’une époque, mais ses idées et son impact restent profondément ancrés dans le paysage politique français.

Jean-Marie Le Pen, figure controversée mais incontournable, a quitté la scène politique en laissant derrière lui une Ve République profondément marquée par son passage. Qu’on l’admire ou qu’on le critique, il a indéniablement redéfini les contours de l’extrême droite en France.