Quelques heures après l’annonce de la démission de Justin Trudeau, Donald Trump a réitéré sa proposition controversée de faire du Canada le « 51e État » des États-Unis. Une déclaration qui intervient dans un contexte politique et économique déjà tendu pour Ottawa, suscitant des réactions virulentes des deux côtés de la frontière.
Trump accentue la pression économique sur le Canada
« Si le Canada fusionnait avec les États-Unis, il n’y aurait plus de droits de douane, les impôts baisseraient considérablement et le pays serait totalement sécurisé face aux menaces russes et chinoises », a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social. Selon lui, cette fusion serait bénéfique non seulement pour l’économie canadienne mais aussi pour la sécurité nationale.
Cette proposition s’inscrit dans une stratégie protectionniste bien connue de Trump, qui avait déjà menacé de taxer à hauteur de 25 % les produits canadiens lors de son précédent mandat. Avec 75 % de ses exportations destinées aux États-Unis, le Canada pourrait subir de lourdes répercussions si ces menaces se concrétisent. Cette déclaration intervient dans un moment de grande instabilité pour Ottawa, après la démission choc de Justin Trudeau.
Justin Trudeau quitte le pouvoir dans un contexte de turbulences
Justin Trudeau a annoncé lundi sa décision de démissionner de ses fonctions de Premier ministre et de chef du Parti libéral du Canada. Cette annonce survient après des mois de crises internes au sein de son parti et une chute marquée dans les sondages. Lors de son discours, Trudeau a évoqué des « batailles internes » qui l’empêchent d’être le leader dont son parti a besoin pour les prochaines élections.
La démission de Trudeau fait suite au départ fracassant de Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances, qui avait critiqué dans une lettre publique la gestion économique et la réponse insuffisante du gouvernement face aux menaces tarifaires américaines. En prorogeant le Parlement jusqu’au 24 mars, Trudeau laisse le Parti libéral organiser une course à la direction pour désigner son successeur. Cependant, cette décision a été vivement critiquée par les partis d’opposition et certains leaders provinciaux, qui dénoncent une manœuvre politique visant à retarder des élections anticipées.
Les provinces en désaccord face à l’urgence économique
Les réactions des provinces canadiennes mettent en lumière des divergences importantes. François Legault, Premier ministre du Québec, a salué les années de service de Justin Trudeau tout en mettant en garde contre les risques d’une guerre commerciale avec les États-Unis. « Nous avons des défis importants à relever face aux menaces tarifaires américaines, et cela exige une coordination étroite entre Ottawa et les provinces », a-t-il déclaré.
À l’inverse, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la prorogation du Parlement d’« irresponsable ». « Le Canada ne peut pas se permettre de suspendre ses travaux alors que nous faisons face à l’une des plus grandes menaces économiques de notre histoire », a-t-elle affirmé. Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario, a également appelé le gouvernement fédéral à se concentrer sur les négociations avec Washington pour protéger les secteurs stratégiques et les emplois de sa province.
Une « grande nation » ou une souveraineté menacée ?
La proposition de Donald Trump de faire du Canada le « 51e État » des États-Unis a été largement rejetée par les responsables canadiens. Un ancien ministre, sous couvert d’anonymat, a qualifié cette idée de « provocatrice et irréaliste ». « Le Canada ne sacrifiera jamais sa souveraineté pour des gains économiques hypothétiques. Nous sommes une nation indépendante avec des valeurs et des intérêts propres », a-t-il déclaré.
Pour plusieurs experts, cette sortie de Trump s’inscrit dans une stratégie visant à asseoir son autorité sur les relations bilatérales, tout en renforçant sa base politique. Mais au Canada, cette déclaration est perçue comme une tentative de détourner l’attention de ses menaces tarifaires bien réelles, qui pourraient frapper durement l économie canadienne. Les États-Unis, principal partenaire commercial du Canada, représentent un levier économique majeur, mais cette dépendance pourrait devenir un point de vulnérabilité face à une administration américaine adepte du protectionnisme.
Un avenir incertain pour Ottawa
Alors que le Parti libéral du Canada doit se réorganiser en vue d’une élection anticipée, les défis économiques et politiques s’accumulent. La menace d’une guerre commerciale avec les États-Unis, combinée à l’instabilité politique interne, place le Canada dans une position délicate. L’équipe qui succédera à Justin Trudeau devra non seulement restaurer la confiance des Canadiens, mais également naviguer habilement dans un contexte international de plus en plus tendu.
Le futur chef du Parti libéral aura la lourde tâche de préserver la souveraineté économique et politique du Canada face à un voisin américain qui ne cache pas son ambition de remodeler les rapports de force dans la région. Les prochains mois seront cruciaux pour définir la trajectoire du pays, entre renforcement des relations bilatérales et affirmation de son indépendance.