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Afrique : les propos d’Emmanuel Macron sur le retrait militaire provoquent l’indignation

Publié le 13 janvier 2025

Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur le retrait des troupes françaises d’Afrique ont déclenché une levée de boucliers parmi les dirigeants africains. Le Tchad et le Sénégal, en particulier, ont réagi vivement, dénonçant des propos jugés condescendants et irrespectueux, illustrant un tournant dans les relations franco-africaines.

Les accusations d’ »ingratitude » de Macron provoquent une riposte cinglante.

Dans une déclaration controversée, Emmanuel Macron a reproché à plusieurs pays africains leur « ingratitude » envers la présence militaire française, affirmant que leur souveraineté dépendait en partie de cette dernière. Cette remarque a été immédiatement critiquée par des figures politiques africaines.

Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, a qualifié ces propos de « faux » et a insisté sur le fait que les décisions concernant les forces françaises étaient prises de manière souveraine. Il a également accusé la France d’avoir contribué à la déstabilisation régionale, citant la situation en Libye comme un exemple frappant. Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères, a également condamné les propos de Macron, les qualifiant d’ »irrespectueux » et rappelant les sacrifices historiques du Tchad aux côtés de la France.

Un retrait militaire qui redéfinit la présence française en Afrique.

Le départ progressif des troupes françaises, notamment du Tchad où elles quitteront leur dernière base d’ici janvier 2025, marque la fin d’une ère. Pendant des décennies, la France a maintenu une présence militaire importante dans plusieurs pays africains, justifiée par des objectifs de lutte contre le terrorisme et de stabilisation. Cependant, cette présence est de plus en plus perçue comme un vestige d’une influence néocoloniale.

Avec le retrait des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal, une recomposition géopolit ique s’opère sur le continent. Des puissances comme la Russie et la Chine profitent de ce désengagement pour renforcer leur influence à travers des partenariats stratégiques et des projets d’infrastructure. Parallèlement, des acteurs régionaux comme la Turquie s’imposent également, redéfinissant les équilibres de pouvoir.

Le franc CFA, une monnaie contestée et symbole de tensions.

Au-delà du volet militaire, une autre controverse persiste : celle du franc CFA. Utilisée par 14 pays africains, cette monnaie est perçue par beaucoup comme un outil de contrôle économique exercé par la France. Malgré des réformes annoncées en 2019, elle reste étroitement liée au Trésor français, alimentant les critiques sur son caractère néocolonial.

Le projet de monnaie unique de la CEDEAO, baptisé « Eco », pourrait représenter une alternative décisive. Cependant, des divergences économiques et des défis structurels freinent sa mise en œuvre. Ce débat illustre les tensions plus larges autour de l’héritage colonial français et les aspirations des pays africains à une autonomie économique accrue.

Une diplomatie française sous pression.

Les propos d’Emmanuel Macron, combinés à ces controverses économiques et militaires, fragilisent davantage la position de la France en Afrique. Paris semble peiner à répondre aux attentes d’une jeunesse africaine mobilisée et d’une élite politique exigeant des relations plus égalitaires. Les gestes symboliques, comme la restitution d’œuvres d’art, bien qu’appréciés, ne suffisent plus à apaiser les tensions.

En parallèle, des puissances comme la Chine et la Russie continuent de renforcer leur présence sur le continent, en s’appuyant sur des accords bilatéraux stratégiques et des investissements ciblés. Ces efforts contrastent avec une France souvent perçue comme déconnectée des réalités africaines contemporaines.

Une refonte nécessaire des relations franco-africaines.

Pour la France, l’heure est à une remise en question profonde. La fin des accords militaires et les débats sur le franc CFA offrent une opportunité de repenser ses relations avec l’Afrique sur des bases plus égalitaires. Un véritable partenariat, fondé sur le respect mutuel et la co-construction, pourrait permettre à Paris de regagner une partie de sa crédibilité sur le continent.

Des initiatives concrètes pourraient inclure des projets de développement durable, des investissements dans l’éducation et des collaborations technologiques. Toutefois, une rupture avec les pratiques paternalistes du passé est indispensable. La question de la souveraineté économique, notamment à travers une réforme ou un abandon du franc CFA, pourrait devenir un test décisif pour mesurer l’engagement réel de la France envers ses partenaires africains.

Un avenir incertain pour l’influence française en Afrique.

Alors que l’Afrique s’impose progressivement comme un acteur clé sur la scène internationale, les relations franco-africaines semblent à un tournant. La jeunesse du continent, forte de son dynamisme et de sa volonté d’émancipation, réclame une rupture avec les schémas anciens. Les puissances émergentes, quant à elles, redessinent progressivement les équilibres géopolitiques.

Pour la France, l’enjeu est clair : s’adapter à cette nouvelle réalité ou risquer de perdre définitivement son influence sur un continent stratégique. Les mois à venir seront déterminants pour savoir si Paris peut redéfinir durablement son rôle en Afrique ou si elle sera reléguée au second plan face à la montée en puissance d’autres acteurs internationaux.