La pire catastrophe aérienne de l’histoire de la Corée du Sud s’est produite le 29 décembre 2024, lorsque le vol Jeju Air 7C2216 s’est écrasé à l’aéroport de Muan. L’accident, qui a causé la mort de 179 personnes, soulève de nombreuses questions, notamment sur les causes techniques et les failles des infrastructures aéroportuaires. Les boîtes noires, endommagées, compliquent encore l’enquête.
Une tentative d’atterrissage d’urgence tourne au drame
Le vol Jeju Air 7C2216, un Boeing 737-800 en provenance de Bangkok, transportait 175 passagers et 6 membres d’équipage. Lors de son atterrissage à l’aéroport de Muan, l’appareil a glissé sur la piste sans déployer son train d’atterrissage. Il a heurté un remblai en béton à l’extrémité de la piste, provoquant une explosion. Seuls deux membres d’équipage, situés à l’arrière de l’avion, ont survécu.
« La vidéo de l’accident montre un avion hors de contrôle. Ma fille, âgée de 45 ans, n’a pas survécu », a confié Jeon Je-young, un parent endeuillé. Son témoignage met en lumière l’impact humain de cette tragédie, qui a bouleversé des familles à travers tout le pays.
Les boîtes noires hors service compliquent l’enquête
Les deux boîtes noires de l’appareil – le Cockpit Voice Recorder (CVR) et le Flight Data Recorder (FDR) – ont cessé d’enregistrer environ quatre minutes avant l’accident. Selon le ministère sud-coréen des Transports, les dommages subis par les dispositifs ont rendu impossible l’extraction des données localement. Les boîtes noires ont été envoyées au National Transportation Safety Board (NTSB) aux États-Unis pour une analyse approfondie.
« Le fait que les boîtes noires soient inutilisables rend l’enquête beaucoup plus difficile », a déclaré Joo Jong-wan, vice-ministre sud-coréen de l’Aviation civile. Ces dispositifs sont cruciaux pour comprendre les paramètres techniques de l’avion et les échanges entre les pilotes avant le crash.
Un incident potentiel avec des oiseaux et des infrastructures critiquées
Des plumes ont été découvertes dans l’un des moteurs, laissant penser à un bird strike (collision avec des oiseaux). Néanmoins, ce type d’incident, bien que sérieux, ne suffit pas à expliquer l’absence de déploiement du train d’atterrissage et des volets, essentiels pour un atterrissage en sécurité. Les pilotes n’ont pas signalé de problème technique à la tour de contrôle, ce qui soulève des interrogations.
L’infrastructure de l’aéroport de Muan est également pointée du doigt. La conception de la zone de sécurité RESA (Runway End Safety Area) et la présence du remblai en béton à l’extrémité de la piste sont critiquées pour avoir amplifié les conséquences de la sortie de piste.
Réactions et appels aux réformes
Le ministre sud-coréen des Transports, Park Sang-woo, a annoncé son intention de démissionner, assumant une « lourde responsabilité » dans cet accident tragique. Par ailleurs, une enquête policière a été ouverte pour examiner d’éventuelles négligences de la compagnie Jeju Air et de l’aéroport de Muan. Des perquisitions ont été effectuées dans les locaux des deux entités.
Le gouvernement sud-coréen s’est engagé à renforcer les protocoles de sécurité des pistes d’atterrissage et à revoir les normes de gestion des urgences. Ces mesures visent à éviter qu’un tel drame ne se reproduise.
Les boîtes noires au centre des débats dans l’aviation
Ce crash relance le débat sur la modernisation des boîtes noires. Actuellement, les enregistreurs vocaux du cockpit (CVR) ne conservent que les deux dernières heures de vol, une durée jugée insuffisante par de nombreux experts. En Europe, ces enregistreurs ont une capacité étendue à 25 heures, mais cette norme n’est pas encore appliquée à tous les avions dans le monde.
Jennifer L. Homendy, présidente du National Transportation Safety Board (NTSB), a déclaré : « Les boîtes noires sont essentielles pour comprendre les causes des accidents. Augmenter leur capacité d’enregistrement est une priorité pour améliorer la sécurité aérienne. » Toutefois, les anciens modèles d’avions comme le Boeing 737-800, impliqué dans cet accident, ne bénéficient pas encore de ces avancées technologiques.
Une tragédie qui marque l’histoire de l’aviation sud-coréenne
Avec ses 179 victimes, le crash du vol Jeju Air 7C2216 est désormais la pire catastrophe aérienne jamais enregistrée en Corée du Sud. Outre les interrogations techniques et structurelles, cette tragédie a mis en lumière des lacunes dans la gestion des urgences et les infrastructures aéroportuaires.
Les familles des victimes, comme Jeon Je-young, continuent de demander des réponses. Cette catastrophe pourrait devenir un tournant pour l’industrie de l’aviation sud-coréenne et mondiale, incitant à des réformes indispensables pour renforcer la sécurité des vols et éviter que de tels drames ne se reproduisent.