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Interdiction des smartphones dans les écoles : l’Europe adopte des mesures drastiques

Publié le 5 janvier 2025

Face à la montée des préoccupations liées à l’usage des smartphones par les jeunes, de nombreux pays européens adoptent des interdictions dans les écoles. Si certains saluent ces décisions comme nécessaires pour améliorer la concentration et le bien-être des élèves, d’autres soulignent des défis liés à leur mise en œuvre. Voici un panorama des mesures prises à travers le continent.

Une tendance croissante à l’échelle européenne.

Depuis plusieurs années, les smartphones sont de plus en plus perçus comme des sources de distraction dans les établissements scolaires. Selon un rapport de l’UNESCO publié en 2023, plus de 60 pays ont déjà mis en place des restrictions sur leur utilisation. En Europe, la pression s’intensifie pour limiter, voire interdire, leur usage dans les écoles afin de favoriser un environnement d’apprentissage optimal.

Les exemples abondent : en France, une interdiction totale des téléphones portables dans les écoles primaires et secondaires est en vigueur depuis 2018. Cette année, 200 établissements ont renforcé cette mesure avec une initiative baptisée « pause numérique », touchant 50 000 élèves. En Belgique, la Fédération Wallonie-Bruxelles appliquera une interdiction similaire dès l’année scolaire 2025/2026.

Des approches variées selon les pays.

Les nations leaders en matière de restrictions.

Plusieurs pays ont choisi des politiques rigoureuses. En Italie, une interdiction stricte s’applique dans toutes les écoles, sauf pour des besoins éducatifs spécifiques ou pour les élèves ayant des besoins particuliers. En Hongrie, une interdiction nationale est entrée en vigueur en septembre 2024, bien que des protestations aient émergé de la part de syndicats enseignants.

Aux Pays-Bas, depuis janvier 2023, les smartphones, tablettes et montres connectées sont interdits dans les écoles primaires et secondaires, sauf exceptions pour des raisons éduc atives ou médicales.

Des solutions adaptées aux réalités locales.

Certains pays optent pour des approches plus nuancées. En Suède, les téléphones sont interdits en classe sauf lorsqu’ils sont utilisés à des fins pédagogiques, les écoles ayant la liberté de définir leurs propres règles. En Espagne, la gestion de l’utilisation des smartphones dépend des régions autonomes, avec des politiques variées selon les territoires. En Irlande, un investissement de 9 millions d’euros a été alloué pour fournir des solutions de stockage sécurisées dans les écoles, afin d’instaurer une interdiction uniforme dans tout le pays.

En Flandre, la région flamande de Belgique, une interdiction totale des smartphones s’appliquera dès 2025 pour les élèves des deux premiers cycles du secondaire, y compris dans les cours de récréation. Pour les élèves plus âgés, la restriction sera limitée aux heures de cours.

Les défis de mise en œuvre et les débats en cours.

Si les interdictions sont saluées par de nombreux acteurs pour leurs effets positifs sur la concentration et les résultats scolaires, elles ne sont pas sans poser des questions. Des experts, comme Ben Carter de King’s College London, soulignent que l’impact des smartphones est ambivalent. « Lorsque les smartphones sont utilisés pour des devoirs, ils peuvent aussi devenir une source de distraction à cause des notifications », explique-t-il, ajoutant que les preuves sur l’efficacité des interdictions restent mitigées.

Un autre défi réside dans l’application des mesures. Selon une enquête de l’OCDE réalisée en 2022, près de 30 % des élèves dans des écoles ayant interdit les smartphones continuent de les utiliser quotidiennement, preuve que des lacunes subsistent dans l’exécution des règles.

Un impact sociétal et économique.

Au-delà du cadre scolaire, ces restrictions soulèvent des enjeux plus larges liés à la dépendance aux écrans et à la santé mentale des jeunes. En Suède, l’Agence de santé publique a récemment recommandé de limiter l’exposition des enfants aux écrans, conseillant une absence totale d’utilisation numérique pour les enfants de moins de deux ans.

Sur le plan économique, ces interdictions impactent également les fabricants de smartphones et d’accessoires technologiques. Par exemple, les investissements dans des solutions de stockage sécurisées, comme en Irlande, ou la demande accrue pour des outils de gestion numérique, pourraient stimuler certains secteurs tout en en contraignant d’autres.

Vers une harmonisation ou des approches diversifiées ?

Alors que les interdictions de smartphones se multiplient en Europe, une question reste ouverte : faut-il harmoniser ces politiques au niveau européen ou laisser chaque pays définir ses propres règles ? Selon les experts, une approche flexible semble nécessaire pour prendre en compte les spécificités culturelles et éducatives de chaque pays.

Ce débat, qui touche à la fois l’éducation, la technologie et la santé publique, devrait continuer à alimenter les discussions dans les mois à venir, notamment avec l’entrée en vigueur de nouvelles lois, comme celles prévues en Finlande et en Lettonie d’ici 2025.