D’ici la fin de l’année scolaire, la majorité des écoles publiques québécoises adopteront une technologie d’intelligence artificielle pour identifier les élèves à risque de décrochage. Si cet outil révolutionnaire promet de repérer les jeunes vulnérables plus tôt, des experts soulignent le besoin urgent de moyens concrets pour accompagner ces élèves efficacement.
Une technologie au service de la lutte contre le décrochage scolaire
Le ministère de l’Éducation du Québec a développé un outil d’intelligence artificielle qui sera déployé dans la plupart des écoles publiques d’ici juin. Cet algorithme de pointe croise des données personnelles (comme l’âge, le genre et la scolarité des parents) avec des informations scolaires (résultats académiques, absences, besoins particuliers) pour produire un indicateur de risque de décrochage. Les résultats seront présentés sous la forme d’un tableau de bord accessible aux directions d’école.
Selon un document transmis aux parents de certains centres de services scolaires, cette solution vise à permettre des interventions précoces et adaptées pour maximiser les chances de réussite des élèves. « En repérant plus tôt qu’auparavant les élèves qui présentent des facteurs de risque, il devient possible d’intervenir de façon précoce », peut-on lire dans ce document.
Un projet pilote concluant, mais des défis à relever
Avant son déploiement à grande échelle, l’outil a été testé dans 11 centres de services scolaires en 2023. Ces essais ont permis de valider son potentiel pour repérer des élèves qui auraient pu passer sous le radar. Cependant, Normand Roy, professeur à l’Université de Montréal et expert en intelligence artificielle en éducation, insiste : « Identifier les élèves à risque, c’est une chose. Encore faut-il savoir comment intervenir efficacement, au bon moment et avec des ressources adéquates. »
Le manque de moyens humains et financiers dans les milieux scolaires reste une préoccupation majeure. « Les écoles sont déjà à bout de ressources. Si cet outil devient un simple tableau de bord sans suivi concret, il risque de ne pas avoir l’impact escompté », ajoute M. Roy. Il appelle donc à un investissement accru pour soutenir les enseignants, les conseillers pédagogiques et les travailleurs sociaux qui seront en première ligne pour accompagner ces jeunes en difficulté.
Des perspectives prometteuses pour l’éducation et l’intégration de l’IA
Le déploiement de cette technologie s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation du réseau scolaire québécois. Selon Antoine de la Durantaye, attaché de presse du ministre de l’Éducation, cette initiative marque « une étape très concrète dans la modernisation du réseau éducatif ». Il a également souligné que cet outil permettra de « repérer plus tôt les élèves vulnérables et de leur offrir des ressources adaptées avant que leur parcours scolaire ne soit affecté ».
Cette initiative s’ajoute à d’autres projets visant à intégrer l’intelligence artificielle dans le domaine éducatif. L’École branchée, un média spécialisé en éducation, a récemment mis en lumière plusieurs usages prometteurs de l’IA, notamment pour alléger les tâches administratives des enseignants ou pour faciliter l’appropriation de nouveaux cours. L’objectif global ? Faire de l’IA une alliée pour améliorer l’expérience éducative tout en réduisant les inégalités.
Vers une transformation durable du système éducatif ?
Bien que cette avancée technologique suscite beaucoup d’espoirs, elle soulève également des questions éthiques et pratiques. La confidentialité des données des élèves, la formation des enseignants à l’utilisation de ces outils, ainsi que les impacts à long terme sur les pratiques pédagogiques, sont autant de sujets qui devront être abordés dans les mois à venir.
Pour les experts, l’intégration réussie de l’intelligence artificielle dans le système éducatif québécois repose sur un équilibre : exploiter les capacités technologiques pour optimiser les processus tout en veillant à ne pas déshumaniser l’éducation. Comme le souligne un récent rapport du Conseil de l’innovation du Québec, il est essentiel d’adapter les programmes de formation pour renforcer la littératie numérique et en IA, tant pour les élèves que pour les enseignants.
Une chose est certaine : l’intelligence artificielle est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans l’éducation. Si son utilisation pour prévenir le décrochage scolaire est un pas dans la bonne direction, son succès dépendra de la capacité des écoles et des institutions à s’adapter rapidement, tout en plaçant les besoins des élèves au cœur des priorités. Les mois à venir s’annoncent décisifs pour transformer cette innovation en véritable levier de réussite éducative.