New York devient la première ville américaine à instaurer un péage urbain, en vigueur depuis le dimanche 5 janvier. Cette mesure, visant à réduire la pollution atmosphérique et financer un métro vieillissant, suscite un vif débat politique et économique, notamment en raison de l’opposition du président élu Donald Trump.
Un péage urbain inédit pour le centre de Manhattan.
La ville de New York a franchi un cap historique en lançant, dimanche 5 janvier, un péage urbain pour accéder au cœur de Manhattan, au sud de Central Park. Les automobilistes doivent désormais s’acquitter d’un droit d’entrée de 9 dollars (soit 8,73 euros) en journée pour circuler dans cette zone densément peuplée. Cette initiative, annoncée par la gouverneure démocrate de l’État de New York, Kathy Hochul, vise à réduire la pollution atmosphérique et à financer les infrastructures de transport, notamment un réseau de métro largement critiqué pour sa vétusté et son coût élevé (2,90 dollars, soit 2,81 euros par trajet).
Avec près de 700 000 véhicules circulant quotidiennement dans cette partie de Manhattan, le trafic y est particulièrement dense, atteignant une vitesse moyenne de seulement 11 kilomètres par heure. L’instauration de ce péage s’inscrit dans une tendance mondiale, déjà adoptée par des grandes villes comme Londres, Milan ou Singapour, pour limiter la circulation automobile dans les centres urbains.
Un débat politique et économique sous haute tension.
La mise en place de cette mesure intervient dans un contexte politique tendu à deux semaines de l’investiture de Donald Trump. Si l’administration Biden a soutenu le projet, le président élu s’y est fermement opposé, le qualifiant de mesure qui « va heurter les travailleurs, les familles et les entreprises ». Kathy Hochul a néanmoins accéléré le processus afin d’éviter un éventuel veto de la nouvelle administration républicaine.
Les critiques ne se limitent pas à la sphère politique. Les agglomérations voisines de New York, notamment celles de l’État du New Jersey, ont exprimé leur opposition au projet, le jugeant préjudiciable à leurs économies locales et à l’accès de leurs habitants à leur lieu de travail dans Manhattan. Un recours de dernière minute porté par des responsables du New Jersey a été rejeté vendredi par un juge, malgré des inquiétudes sur les potentielles conséquences environnementales du nouveau dispositif.
Les associations de conducteurs de taxi ont également manifesté leur mécontentement, arguant que la surcharge imposée à leurs clients pourrait réduire la demande de courses dans la zone concernée. Toutefois, des exemptions et réductions ont été prévues pour limiter l’impact sur les populations vulnérables, notamment les ménages à faibles revenus ou les automobilistes entrant fréquemment dans la zone tarifée.
Un impact majeur sur l’économie et l’écologie.
Au-delà des polémiques, ce péage urbain représente un pas important pour l’environnement. Selon les défenseurs de la mesure, il pourrait contribuer à réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, une priorité pour une ville où la pollution atmosphérique reste un enjeu majeur. L’argent collecté grâce à cette taxe sera principalement alloué à la modernisation des infrastructures de transport, notamment le métro new-yorkais, dont l’état dégradé est source de critiques depuis des années.
Sur le plan économique, cette décision pourrait avoir des répercussions importantes. Bien que les entreprises locales redoutent une baisse de fréquentation due au péage, les partisans du projet estiment que des bénéfices indirects, comme une amélioration de la qualité de vie et de la mobilité, pourraient contrebalancer ces effets négatifs.
Une mesure pionnière qui pourrait faire école.
En devenant la première ville des États-Unis à adopter un péage urbain, New York ouvre la voie à d’autres grandes métropoles américaines confrontées à des problèmes similaires de congestion et de pollution. Si des villes comme Londres ou Milan ont démontré l’efficacité de telles mesures, l’expérience new-yorkaise sera scrutée de près pour évaluer son impact à plus long terme.
Cependant , la controverse entourant ce projet pourrait freiner l’adoption de dispositifs similaires dans d’autres villes américaines. Les oppositions politiques, économiques et sociales mettent en lumière les défis d’un tel changement dans un pays historiquement attaché à la voiture individuelle.
Malgré les critiques, le péage urbain de New York pourrait marquer un tournant dans la gestion des mobilités urbaines aux États-Unis. Si la mesure parvient à réduire la pollution et fluidifier le trafic tout en générant des fonds pour moderniser les infrastructures de transport, elle pourrait devenir un modèle à suivre pour d’autres grandes métropoles américaines.